C’est dimanche, il est presque midi et Louis fume tranquillement sur la terrasse de sa maisonnette. La mer en face de lui est éternellement calme, en tout cas elle l’est comparée à son chiot Gusto qui s’acharne à décortiquer la troisième peluche que Louve lui achète.  Louis le regarde inlassablement, trouvant en cette scène de quoi le distraire pendant bien des heures. C’est toujours plaisant la fin de semaine, même si le jour saint presque tout est fermé, il peut souffler et passer enfin une journée autre part que sa boutique. Puis la sonnerie rock de son iPhone le sort de ses rêveries. Il glisse son pouce et répond à sa douce. Aujourd’hui est bien un jour béni étant donné que Louis a pu échapper à un diner familial prétextant un besoin urgent de temps pour peaufiner un projet qu’il avait en tête. En fait rien de tout cela n’est vrai, cela va de soi mais peu importe. Après une dure semaine de travail, Louis n’avait pas du tout envie de voir sa mère et de manger en entendant piailler à tout va. C’est qu’en étant le seul mâle de la famille, ce n’est pas facile de gérer une meute de femme souvent sur les crocs. Non pas aujourd’hui. Mais que lui veut donc Louve ? Comme s’il était pris sur le fait, il s’assoit sur une chaise et tripote un journal tout en parlant. Rien à voir vous direz, elle est au téléphone, mais ne cherchons pas plus loin, on ne pourra pas vraiment comprendre Louis à cent pour cent de toute manière. « Quoi ?!! » Abasourdit par ce qu’il vient d’entendre il se lève d’un coup. Il ne se calme qu’à moitié alors qu’il raccroche et qu’il fourre son téléphone dans la poche arrière de son jean. Apprendre que le diner va se prolonger jusqu’à ce soir mais chez eux n’est pas la meilleure nouvelle qu’il voulait entendre. Le point positif c’est qu’elles arriveront vers dix-huit heures, mais les points négatifs sont bien plus nombreux. Tout d’abord il va devoir faire face à sa famille après avoir raté le repas du midi et ensuite il doit aller acheter un dessert. Agacé, il prend sa veste en cuir au vol, prend Gusto dans ses bras, sa laisse et part de chez lui dans sa Mustang noire.

 

Un dimanche à midi il n’y a qu’un endroit où il peut trouver des gâteaux : By the Bay. Un café calme qui confectionne aussi des confiseries et pâtisseries. Louis prendra aussi par la même occasion un petit moment pour se poser avec Gusto, l’habituer aux gens et se boire un café à l’extérieur vu le beau temps qui arrivait. Les lunettes de soleil sur son nez, il prend la route avec musique et vitre baissée. L’été est la saison préférée de Louis même si ici à Fairhope quand il ne faisait pas trente degré il fallait prévoir la veste au cas où. Après tout c’est une ville maritime et le vent souffle en continue pratiquement. Après quelques dix bonnes minutes il se gare et sort de la voiture avec Gusto au bout de la laisse. Pas encore habitué il tente de courir et sauter après la moindre mouche qui passe mais se retrouve vite stoppé par ce fichu bout de tissu qui le relie à Louis, amusé. Tous les deux s’avancent alors vers la terrasse qui donne vue sur la mer. Des gens déjeunent déjà en tête à tête, le cri des mouettes agrémentant le tout pour bien rentrer dans le cadre maritime. Prenant Gusto sous le bras, Louis rentre dans le café et se positionne devant les vitrines où plusieurs gâteaux sont présentés tels des trophées. Mais celui qui attire le plus son attention reste toujours le même, la tarte au citron. Et il n’en reste plus qu’une, parfait ! Sans attendre plus longtemps il s’approche donc d’un grand pas devant la caisse juste à côté ne faisant pas attention s’il passe devant quelqu’un ou pas. La jeune boulangère vient se positionner devant Louis et lui offre un grand sourire de bienvenue. « Je vais vous prendre la tarte au citron, mais si  vous pouvez la mettre de côté le temps que je mange un bout, ça serait bien. » Elle acquiesce en restant quelques secondes à regarder Louis puis finie par se bouger, emballer la tarte et écrire un mot dessus avant de la mettre dans un frigo derrière. « Qu’il est mignon ! » Ce n’est pas un compliment pour Louis, non celui-ci est destiné à Gusto qui commence à en voir marre d’être porté. Gigotant dans tous les sens, Louis finis par se baisser pour le poser mais oublie vite qu’il a une laisse. Ni une, ni deux, Gusto prend ses papattes à son cou et part en sautillant vers l’extérieur. Le porte-monnaie dans les mains, Louis soupire. « Super… »